Mon enfant est harcelé, que faire ?


Près d’un enfant sur dix affirme être, dès l’école primaire, victime d’harcèlement physique ou moral de la part de ses camarades. Face à ce type de situation, il est parfois difficile en tant que parents de savoir comment réagir. Jean Pierre Bellon, philosophe et créateur de l’association APHEE nous en parle :

 

Comment savoir si son enfant est harcelé ?

L’indice le plus révélateur du harcèlement est la diminution de sociabilité. Si votre enfant avait l’habitude de vous raconter ses folles aventures avec ses meilleurs copains et que, du jour au lendemain, il affirme passer ses récréations seul, il faut peut-être s’inquiéter. Un enfant harcelé perd souvent ses amis, est généralement exclu et a tendance à se retrancher sur lui-même.

 

Quelles sont les répercussions du harcèlement ?


Le harcèlement a de nombreuses conséquences sur le court terme, notamment sur le plan scolaire. La chute des résultats est un signe très fréquent quand quelque chose va mal.

L’enfant peine à travailler et va à l’école à reculons. Nombreux sont les enfants harcelés qui inventent mille et une excuses pour rester chez eux : maux de ventre, maux de tête…

Des troubles de l’alimentation peuvent être remarqués ainsi que des troubles physiques. Dans les cas les plus graves, les jeunes harcelés peuvent souffrir d’épisodes dépressifs et de perte importante de poids.

D’autre part, il faut savoir que la fin du harcèlement ne signifie pas la fin du mal être. Reconstruire son image après un épisode de harcèlement prend du temps et ne se fait pas du jour au lendemain. Plus le temps de harcèlement est long, plus l’enfant mettra du temps à se reconstruire.

 Enfin, le harcèlement peut provoquer des conséquences sur le long terme. Devenus adultes, les anciens harcelés peuvent encore souffrir des violences qu’ils ont connues plus jeune. Par exemple, face à une situation professionnelle qui leur rappelle leur cadre scolaire, ces adultes peuvent perdre soudainement toute confiance en eux et redevenir le petit enfant qu’ils étaient.


A qui en parler ?   

                      

Si vous pensez que votre enfant est harcelé, n’hésitez pas à vous adresser à la direction de son école. Le harcèlement a longtemps été ignoré, mais aujourd’hui, le problème est pris à bras le corps. L’État encourage les enseignants à faire un travail de prévention vis-à-vis de cette forme de violence.

Si la direction fait la sourde oreille, n’hésitez pas à vous tourner vers l’Inspection d’Académie (si votre enfant est en primaire) ou le rectorat (s’il est au collège).


Le changement d’école est-il une solution ?


Le changement d’école peut être évité si les enseignants parviennent à faire cesser le harcèlement à temps. Malheureusement, si ce dernier a été trop grave, trouver un autre établissement peut permettre à votre enfant de retrouver la sérénité.

 

Qu’en est-il des autres enfants ?


Il est vrai que les établissements scolaires doivent faire un travail de fond avec l’enfant harcelé, mais aussi avec l’enfant harceleur. Une punition ne suffit pas ! La mission des enseignants est de faire comprendre aux enfants harceleurs que ces violences, qu’elles soient physiques ou verbales, ont de graves conséquences.

 D’autre part, il faut encourager les enfants à ne pas laisser seul un de leurs camarades en détresse. Il ne s’agit pas là de leur demander de dénoncer le harceleur, mais au contraire, d’alerter les enseignants de la situation de la victime pour mieux l’aider. S’ils voient dans leur école un enfant harcelé, il est important, pour son bien, d’en parler.


En matière de lutte contre le harcèlement, quelles méthodes portent leurs fruits à l’école ?


Les pays du nord s’appuient sur la méthode Anatole Pikas. Elle consiste à travailler avec les enfants qui suivent l’investigateur du harcèlement sans y participer directement. Les enseignants leur posent un problème à résoudre : comment réintégrer l’enfant harcelé ? Ils transposent ainsi les choses et parviennent à dénouer la situation.  

En Espagne, les enseignants encouragent les jeux de rôles. Ils proposent aux enfants de jouer tour à tour le harceleur et le harcelé. Ainsi, dès leur plus jeune âge, ils comprennent le mal que le harcèlement peut faire.

Peu importe la méthode, l’important est d’encourager de manière efficace la prévention du harcèlement dès les petites classes.

 

 

Merci à Jean Pierre Bellon, philosophe et créateur de l’association APHEE (Association pour la prévention des phénomènes de harcèlement entre élèves.

Pour plus d’informations et de conseils, n’hésitez pas à consulter le site de l’APHEE